C’est quoi cette histoire de crêpe ?
Non le CREP, Constat de Risque d’Exposition au Plomb, aussi appelé diagnostic plomb, est un diagnostic qui permet de détecter la présence de plomb dans les peintures des logements. Tout immeuble d’habitation (appartement ou maison) est concerné par ce diagnostic s’il a été construit avant 1949. Le CREP fait parti des diagnostics obligatoires lors d’une vente ou d’une location et doit être intégré au dossier de diagnostic technique (DDT). Il consiste à mesurer la concentration en plomb des revêtements de votre logement pour identifier ceux contenant du plomb et décrire leur état de conservation. Il sert également à repérer les situations de risque de saturnisme infantile ou de dégradation du logement. Pour la vente, le CREP est valable 1 an en cas de présence de plomb et 6 ans pour la location. En cas d’absence de plomb, le CREP a une validité illimitée.
Du plomb dans les peintures ? Vraiment ?
Oui, du plomb dans les peintures. Vraiment. Mais pas que ! Le plomb est présent dans beaucoup de produits ou matériaux du bâtiment comme les éléments de couverture (Notre Dame en était intégralement couverte), les fusibles électriques, le plomb laminé pour étanchéiser les balcons, les canalisations… Si l’interdiction de la fabrication et de l’utilisation du plomb dans les peintures utilisées dans le bâtiment (uniquement pour les professionnels) date officiellement de 1949, son importation et sa vente en France elle date elle de 1993. Le plomb a été utilisé dans les canalisations jusqu’en 1995 et encore aujourd’hui certaines peintures jaunes sur les routes sont toujours en plomb. On en trouve/trouvait également dans certains cosmétiques, dans des ustensiles de cuisine, dans la cigarette, dans les munitions de chasse ou matériel de pêche… etc
Le CREP ne concerne lui que les peintures, pour la raison suivante : les enfants.
Les enfants ? Aaaah oui, le saturnisme.
Oui le saturnisme. Les enfants et les femmes enceintes font partis des personnes vulnérables et le plomb provoque, chez l’enfant une maladie appelée le saturnisme qui peut, entre autres, avoir comme effets :
- Un retard de croissance
- Une baisse du QI
- De l’hypertension
- Une anémie
- Des troubles neurologiques
- Des coliques de plomb
- Une encéphalopathie aigue
- La mort…
Si les enfants sont la principale cible de ce diagnostic c’est pour deux raisons : Ils ont une absorption digestive trois fois plus élevée que celles des adultes ce qui les rends d’autant plus sensible. Digestive ? Oui et c’est la 2ème raison. La peinture au plomb a un goût sucré. Les Romains se servaient d’ailleurs de l’acétate de plomb afin de conserver et sucrer leur vin. La peinture donc, qui s’abime, s’écaille, tombe, est facilement ingérée par les enfants qui en aiment le goût. Et si vous trouvez ça un peu tiré par les cheveux, souvenez vous de tout ce qui peut passer par la bouche d’un enfant à partir d’un certain âge…
En quoi ça consiste alors ce diagnostic ?
Comme indiqué plus haut, il consiste à mesurer la concentration en plomb des revêtements de votre logement. Cela se fait à l’aide d’une machine à Fluorescence X qui, je vous épargne les détails scientifiques, va venir frapper violement (à l’échelle de l’atome) les électrons des atomes en face d’elles. Si ce sont des atomes de plomb, la machine saura les reconnaitre. En gros pour simplifier, imaginez Sébastien Chabal qui fonce sur un demi de mêlée. Si celui-ci, une fois en contact avec le rugbyman barbu qui arrive à toute vitesse, se fait éjecter par la gauche, c’est un atome de plomb. S’il se fait éjecter par la droite, c’est tout le reste (donc pas du plomb). Voilà comme cela fonctionne. De façon simple.
Et vous testez quoi du coup chez moi ? Tout ce qui est en plomb ?
Et non ! Comme dit plus tôt, cela ne concerne que les peintures car c’est le plus susceptible d’être en contact avec les enfants (et qui surtout peut se détériorer rapidement). Le CREP ne concerne certes, que les peintures (et vernis) mais toutes les peintures, mêmes celles cachées sous un papier peint par exemple. Le diagnostiqueur va donc cartographier votre habitation, pièce par pièce, mur par mur, élément peint par élément peint, effectuer ses mesures et les consignés dans un logiciel. Le compte rendu complet des mesures vous sera remis dans le rapport. Le nombre de mesure peut varier en fonction des habitations, de quelques dizaines à des centaines…
Et si vous trouvez du plomb, c’est grave docteur ?
Non, si la peinture est en bonne état, rien ne presse, rien de grave. Cependant si une peinture au plomb est en mauvaise état (peinture écaillée, traces d’humidité, de cloquage…) le propriétaire à l’obligation de supprimer tout risque d’exposition au plomb. Il est donc recommandé de faire appel à un professionnel afin de l’enlever (par ponçage, décapage…) et de la remplacer. Si une trop grande proportion de peinture au plomb est dans un état dégradé, le résultat du diagnostic peut être transmis à l’Agence Régionale de Santé (la fameuse ARS) qui sera alors avertie d’un risque de saturnisme infantile dans le logement. Même chose si votre logement comporte plusieurs traces de fissures, d’humidité ou si un plafond risque de s’effondrer… ou s’il l’est déjà !
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